Mercredi 1er août 2001
20h15 Les deux femmes Reymond arrivent à Chatte et sonnent à la porte. J’ouvre, je prends mes bagages, on charge et on part pour Grenoble. L’atmosphère est tendue pendant le voyage entre la mère et la fille, les deux étant stressées la tension monte mais tout se passe bien. Mag arrive quand même à conduire presque bien …
21h Arrivée à Grenoble chez moi, petite escale pour récupérer un livre pour Véro.
21h10 Arrivée chez Mag, on discute un peu je bois un thé et au lit.
Jeudi 2 août
7h Le réveil sonne, super nuit !!!
7h25 Départ pour la gare. Le trajet est long, les sacs sont lourds.
7h49 Départ du TGV pour la gare de Lyon.
10h50 Arrivée à Paris. Arlette est sur le quai et Mag l’a repérée tout de suite. Elle va être notre guide jusqu’à Orly, mange avec nous et nous présente dans l’aéroport à Tata Claire et sa famille.
13h30 Panique à bord : Tata Claire nous fait remarquer que nos bagages n’ont pas de cadenas ! Je pars alors à la recherche de cet outils apparemment indispensable quand soudain je sens une présence derrière moi et même plus, quelqu’un me prend par la taille et met ses mains sur mes yeux. C’est Véro ! J’achète le cadenas et nous revenons pour l’enregistrement des bagages. Tata Claire prend tout en main et nous assiste de A à Z. Ensuite, attende chaleureuse et pleine d’affection.
16h30 Départ de Véro … et embarquement. L’avion partira avec une heure de retard. Dans l’avion on se fait un ami : Christophe, un togolais qui rentre au pays et on rigole beaucoup avec lui. Mais bon, cacahuète et bananya, on arrive pas a avoir ce que l’on veut à manger et à boire dans l’avion. L’air de rien Christophe ouvre la ventilation. Au bout d’un moment on commence a avoir un peu froid. Je regarde les trois arrivées d’air, il a ouvert seulement la mienne et non la mienne, petit feinteur !
0h30 Escale imprévue à Cotonou : interminable … Prise de tête sur le teste de QI du Monde2. Résultat : logique supérieure.
0h (heure locale, Lomé)Enfin arrivés !!! Mag met une heure pour récupérer ses bagages alors que les miens sont presque sortis en premier. Avec Bernard, on passe la douane sans être fouillés et on part pour manger, c’est la coutume, chez la mère de Théo. On a pas très faim mais on mange quand même la salade de tomates par politesse.
2h Arrivée chez Bernard : c’est super. Notre chambre est toute refaite tout est neuf, on est reçu comme des princes.
Vendredi 3 août
Après une courte nuit, cinq heures de sommeil, on se lève et on fait connaissance avec la famille présente dans la maison (14 personnes). Au début on a du mal à comprendre ce qu’ils disent à cause de leur accent et de leurs expressions mais on s’en sort quand même.
Ensuite petit tour de quartier avec Janette, trop de dépaysement on est les seuls blancs. Tout le monde nous regarde avec de grands yeux et un petit sourire aux lèvres. Les rues sont pleines de monde, les gens font leur commerce dans la rue devant chez eux.
Après un court retour chez Bernard on retourne chercher la voiture au « garage » et la on découvre la mer et la plage. C’est affreusement sale, la mer est agitée avec quelques jolis petits tubes. Quand la voiture est prête on part pour une visite guidée de Lomé : c’est grand et plein de monde. Repas chez la mère de Théo : poisson grillé, légumes, pâte et mangue. Super bon!
De retour chez Bernard on prépare notre sac et on part pour aller assister à des funérailles dans son village natal. On est six dans la voiture et on s’arrête partout pour acheter à boire, à manger, de l’essence, des cure-dents, … C’est tellement beau qu’on ne parle pas durant tout le voyage. Arrêt chez des locataires de Bernard, avec couché de soleil sur le lac Togo bordé de cocotiers, magnifique. Arrivés au village, on est sur le cul ! On fait le tour des maisons pour saluer. On mange et on se couche, trop d’émotions et de fatigue …
Deux heures après, on est réveillés et on va à la veillée funéraire : bonne ambiance, tout le monde chante et danse sur des rythmes de tambours. On nous invite même à danser après nous avoir prêté un pagne, et c’est parti. On a sûrement l’air ridicules mais ça a l’air de faire plaisir à tout le monde alors on y va. Tout le village est assis autour de nous et nous encourage. La pression monte, le rythme s’accélère ça y est on se laisse aller, on danse ! Pas trop longtemps quand même car on sait bien que cette soirée n’est pas pour nous et qu’il faut qu’on laisse faire les choses. Ensuite ou plutôt enfin c’est dodo.
Samedi 4 août
Levé difficile après une courte nuit. Mag me dit que j’ai des méga cernes et je pense que c’est vrai car j’ai très mal aux yeux et beaucoup de mal à les laisser ouverts. Après un petit déjeuner à la vache qui rit, on se met en route pour la maison du défunt. Là on nous invite à nous recueillir devant le corps. C’est la première fois que je vois un mort d’aussi près. Il est très bien habillé, jusqu’aux chaussettes en résille. Bizarrement Bernard me demande de les prendre en photo devant le mort pour donner la « prise » à Théo. Putain, j’ai pris un mort en photo !!!
En attendant que la cérémonie commence on pose plein de questions sur le déroulement de cet événement. D’un coup tout le monde sort et c’est à ce moment que Bernard me fait entrer pour prendre des « prises ». Ensuite il part et me laisse tout seul. Des gens viennent chercher le cercueil et le posent à l’entrée de la maison. Ils chantent et font plein de gestes que je ne comprends pas. Moi au milieu de tout ça je me sens un peu mal et ne sais pas trop quoi faire. Soudain tout le monde s’écarte et deux personnes restent avec un agneau dans les bras qu’ils viennent d’égorger sur le seuil. Ils ont fait couler son sang à l’entrée de la maison, ce que je découvre en sortant derrière le cortège.
Ensuite, beaucoup de paroles qu’on ne comprend pas mais qui ont l’air très importantes et qui sonnent justes avant de faire un petit tour dans le village pour finir au cimetière. Là tout le monde se place n’importe où pour bien voire la cérémonie, les gens se mettent même debout sur les tombes ou perchés dans les palmiers. Deux poulets sont égorgés, des paroles sont prononcées par les gens de la famille et par le « sorcier ».
Le repas est formidable, on mange « acmé » avec du poisson très bon dont on doit même manger la tête. Il parait que c’est la meilleure partie, certain ne mangent même que ça … Tout de suite après manger on part au bord de la lagune pour faire un tour en pirogue. Janette nous fait découvrir et nous explique la végétation.
De retour à Lomé, je fais la sieste, j’avais d’ailleurs déjà commencé dans la voiture! A mon réveil, on part manger chez Oportune (la mère de Théo) où l’on se restaure encore une fois comme des princes.
Dimanche 5 août
Après une grande nuit, nous voilà partis pour le champ de Bernard. On traverse des villages magnifiques avec des maisons en terre rouge et des toits en feuilles de palmier. Dépaysement total. Au champ on ramasse des haricots et des arachides. Pour la première fois un enfant me prend la main, me regarde et me fait un grand sourire. Peut-être que je suis accepté ?
De retour à Lomé on mange encore chez Oportune. On rentre chez Bernard et Magalie se couche pour faire la sieste. Moi pendant ce temps, je ne sais pas trop quoi faire et soudain j’entends des tam-tams dans la cour. J’y vais et on m’apprend quelques rythmes sur des instruments traditionnels. Ils me font même chanter. Ensuite on discute de plein de choses avec les jeunes de la maison : de la vie en France et en Afrique, de nos différences culturelles, de l’immigration. C’est très intéressant et surtout très enrichissant de voir comment les gens d’ici nous voient et comment ils pensent que l’on vit en France. Il y a vraiment un grand fossé entre nos deux cultures.
Le soir on est invités à une petite fête chez un prêtre que Magalie a rencontré à la messe ce matin. Là de nombreux français se retrouvent. On mange, on boit, on danse. D’ailleurs Mag est très gaie et Bernard un peu sec. Le retour est très folklorique : on passe par des toutes petites rues et l’ambiance dans la voiture est très chaude. De retour à la maison je fias l’ancien sur la terrasse pendant que Mag commence à dormir. J’ai une petite pensée pour les gens restés en France et me sent rassuré d’avoir quitté cette fête pleine de français. Je ne suis pas venu en Afrique pour rencontré des français, c’est pas ce que je suis venu chercher …
Lundi 6 août
Journée calme en perspective. A neuf heures on part pour signaler notre présence au consulat de France. Au retour on s’arrête à plusieurs endroits :
•Chez la secrétaire de la société ou Bernard travaille, où elle nous propose une petite expédition vers le nord du Togo que l’on accepte volontiers.
•Chez la couturière de Bernard. On boit un jus de citron délicieux et on déguste des arachides grillées au boeur. Après quoi elle nous montre ses confections.
•Chez l’un des actionnaires de la société de Bernard. C’est une sorte d’aventurier qui a tout vu tout fait en Afrique et qui nous raconte plusieurs anecdotes. Il a d’ailleurs quelques idées et quelques blagues douteuses que je n’apprécie pas vraiment. Mais il nous offre une bière et tout se passe bien.
A midi c’est couscous chez Oportune. Je n’ai pas fait attention que tout le monde laissait un légume sur le bord de l’assiette. Mais moi je n’avais pas vu et en le mangeant je me suis aperçu que c’était un piment en forme de petit poivron. J’ai pris un énorme coup de chaud, je suis devenu tout rouge, transpiré un bon coup et chopé le hoquet. Après ce repas riche en émotions et en sensations, c’est la sieste obligatoire.
Au réveil, Oportune viens nous chercher pour faire les « cent pas ». On va dans une maison de sa famille où on est très bien reçu. On boit du « pom pom » et on mange des petits gâteaux secs. Pour revenir manger chez Oportune, c’est Lomé by night !!! Le repas est encore excellent : ignam et magnoc frits avec oeufs au plat et sauce à la tomate. La nuit serra agitée pour Magalie : elle se réveille et pousse des cris pendant dix minutes Aïe aïe aïe aïe .
Mardi 7 août
Après une bonne nuit, Joachim est déjà la à la première heure pour nous parler de son projet d’ONG. Il nous fait voire son procès verbal et le statut de son affaire. Mais bon, le matin au réveil c’est un peu dur, j’ai pas tout lu.
Ensuite, départ pour le marché. Mag a l’air morte, et cette idée se confirme quand on entre sur le marché : elle se sent mal, a mal au coeur et la gerbe (le mal au coeur, cette expression que je ne comprends vraiment pas car dans ces moments là c’est pas au coeur qu’on a mal, c’est vraiment très mal imagé). On est obligé de la poser derrière un stand d’une cousine. On fait un tour et quand on revient, Mag a l’air d’un zombi, elle a les yeux gonflés avec d’énormes cernes noires. Je fais quelques achats mais avec Oportune c’est trop speed. On lui dit qu’on veut un boubou alors elle nous emmène sur un stand où il y a des boubous et il faut qu’on en choisisse un. Pas moyen d’aller voire ailleurs, c’est ici qu’on doit faire notre affaire. On a même pas le temps de flâner et de tout voire tranquillement. mais bon, on reviendra et sans elle …
A midi on mange foufou, trop bon mais Mag n’en profite pas. Ensuite, c’est une courte sieste avant une balade qui se termine chez le couturier d’Oportune. Bien-sur rien ne va comme il faut et rien n’est prêt dans les temps. Avant le repas on fait appeler le médecin pour Magalie. Ils restent au moins vingt minutes tous les deux dans la chambre. Le repas est comme à l’habitude très bon mais se déroule sans Mag. Enfin on revient à trois sur le Vespa pour se coucher car on est très fatigué.
Mercredi 8 août
Mag a l’air de revivre, mais le médecin revient la voire quand même. On nous présente enfin à notre voisin de chambre. Il me dit que je suis un peu timide. Je pense que c’est vrai, mais bon, quand je sors du lit encore avec la tête dans le cul pour être directement emmené chez lui, je n’ai pas grand chose à dire … Formidable petit déjeuner avec bananes et pain sucré. Le premier depuis notre arrivée, ça fait du bien.
Tout le matin Mag reste dans sa chambre, se repose et écrit ses cartes postales pendant que Jeanette et moi allons faire les cent pas autour du petit marché et de la poste. Encore une fois c’est le dépaysement total : odeurs, atmosphère, rythme de vie. Il me semble que je suis sur une autre planète. A midi, j’ai appris (enfin j’ai vu) comment préparer la pâte avec de la farine de maïs. j’espère pouvoir en faire en France.
L’après-midi le voisin nous emmène visiter la banlieue de Lomé. Le trajet est long, il fait trop chaud dans la voiture. Je ne peux plus tenir et commence à avoir des crampes au cul. Après deux heures et demi de voiture non-stop on s’arrête enfin à un petit maquis pour boire une bière et manger une brochette. Mais bon je suis devenu sourd parce que dans la voiture la musique était à fond et on entendait que les aiguës. Donc la communication est difficile pour moi puisque je n’entends plus rien. Nous rentrons chez Bernard et le chauffeur de Mathieu conduit toujours comme une quiche, c’est vraiment trop chiant.
Ensuite retour chez la famille Soglo pour un très bon repas. Après quoi nous revenons chez Bernard où presque tous les enfants sont à la buvette. Ils veulent tous nous payer une bière, mais au début je refuse. Au bout d’un moment, je cède sous la pression et j’accepte d’en boire une quand même parcequ’il faut que « je sois un homme ». Alors je bois une FLAG, Femme Libre Aimant les Garçons d’après eux.
Jeudi 9 août
Après une bonne nuit, on prend un petit déjeuner composé de pain sucré, de banane et de sucre, de sucre et de sucre (grosse envie de sucré trop absent dans l’alimentation locale). Bernard voulait nous emmener à un baptême mais nous avions refusé d’y aller, car trop occidentalisé, pour pouvoir profiter du marché tranquillement avec Jeanette. Mais quand elle arrive Bernard est toujours là et nous fait monter dans sa voiture. On croyait qu’il allait nous déposer au marché en partant, mais non, il nous a emmener au baptême. J’étais trop énervé, en plus, le pasteur racontait des choses avec lesquelles je ne suis vraiment pas d’accord et ça m’a encore plus énervé. Heureusement un petit rafraîchissement et un petit encas ont calmés le feu.
Enfin, on est allé au marché ! Il y avait plein de colliers avec des perles magnifiques partout. On a également fait le marché des arts et on s’est lâché sur quelques achats. Retour à quatorze heure trente chez Oportune pour manger. De retour chez Bernard, c’est le calvaire, je dois écrire des cartes postales, le genre de truc que je déteste parce que socialement obligatoire … En plus il faut faire vite pour aller au bureau de poste avant qu’il ne ferme.
Après une expédition à la poste, Mag a ouvert sa valise magique remplie de vêtements j’ai joint aussi mes petits trésors amenés spécialement pour faire plaisir à ceux qui nous accueillent. Ce fut l’émerveillement et la joie même pour Jeanette. Elle avait l’air trop contente et l’air de vraiment apprécier le geste. Peu après George est venu aussi, il s’est jeté sur tout, il a même fallu le freiner pour qu’il en laisse pour les autres. Ce soir c’est dîner chez Oportune avec comme invité Mathieu. On est tous crevé et on est pas très bavards.
Vendredi 10 août
Après un réveil tardif, on part avec Mathieu et son chauffeur (Mag, Oportune, Jenifer et moi) pour Cotonou après avoir encore ouvert la valise magique et cette fois elle est vide. Arrivés à la frontière du Bénin, on passe d’un trait. Mathieu serre une main et on passe comme ça sans montrer notre passeport (heureusement parcequ’on a pas de visa pour le Bénin …). On pénètre donc illégalement dans ce nouveau pays, mais on flippe un peu pour le retour : si on revient sans mathieu on va aller en prison ?
Arrivé à Godomé, on s’installe et on se repose mais ici « le temps passe vite », il est déjà l’heure d’aller se promener en voiture pour une petite visite de Cotonou. On voit beaucoup de bâtiments administratifs puis on s’arrête dans une buvette dont Mathieu connaît le propriétaire. Je demande ou sont les toilettes et Mathieu m’y accompagne jusque dedans, il a peut-être peur que je tombe dans le trou !!! Au retour c’est Cotonou by night et les embouteillages. Le repas est très bon, poulet grillé aux épices. C’est un peu fort à la première bouchée mais après ça va. Ensuite on fait une petite marche pour aller dormir chez oncle Dady.
Samedi 11 août
Pas très bonne nuit, réveillé à six heures par Dady qui allait prendre une douche, ensuite tout le monde s’activait dans la maison en particulier pour passer le balai. Ce matin on va à Abomey pour visiter le musée des rois d’Abomey. c’est un peu loin (150 km), On y va en taxi. Le chauffeur conduit un peu comme un fou, il double n’importe où sur une route complètement défoncée et klaxonne tout le temps. On tombe en panne et il débranche un tuyau dans le moteur, aspire de l’essence et la recrache sur je ne sais quoi et c’est reparti.
Le musée est très intéressent, on voit comment vivaient les Béninois « dans le temps ». C’est quand même un peu étrange, on voit le tableau des quarante et unes épouses enterrées vivantes, le tableau des rois, et la case dont les murs sont faits avec du sang humain. Ils sont fous ces africains, on fait 300 km dans la matinée pour une heure de visite ! De retour à Godomé on fait un petit repos, je suis un peu fatigué. Gladis essaie de nous apprendre à danser, mais en même temps quelqu’un nous filme, alors c’est encore plus dur.
Le soir on est crevé, on mange des frites à l’africaine cuites au feu de bois (c’est les meilleurs que j’ai jamais mangé) avec des oeufs au plat. mais bon, ça manque un peu de dessert et de fromage. Après on va se coucher. Je sers enfin à quelque chose, je me sens utile : je porte un énorme sac rempli d’affaires sur une épaule pour l’emmener jusque chez Dady.
Dimanche 12 août
Encore une nuit pas très longue, la douche froide (pas le choix) le matin ça fait vraiment du bien ! Le matin on fait pas grand chose, on discute, Oportune prépare le repas mais ici « le temps passe tellement vite »… En fin de matinée Oportune et Jennifer vont chez le coiffeur et on les accompagne quand Ignas arrive pour nous prévenir que gladis va mal. Une chose très étrange se passe. Elle est prise comme d’une crise d’asthme (alors qu’elle n’est pas asthmatique). Sa respiration et très bruyante, on dirait qu’elle n’arrive ni à inspirer ni à expirer. Le chef du village arrive alerté par je ne sais qui et nous explique que c’est parcequ’elle n’est pas allée saluer les ancêtres en arrivant au village. Elle a voulu faire la rebelle en reniant ses origines et les ancêtres le font sentir. Après être allée devant le monument des ancêtres (un petit tas de n’importe quoi qui ressemble à rien) pour les saluer, elle revient l’air ressuscitée. Tout va bien maintenant comme par magie, c’est troublant, très étrange, j’y comprend rien du tout je peux seulement constater.
On rentre alors chez Gaby pour manger. Après le repas c’est déjà le moment de se préparer pour au mariage. Lionnel nous repasse nos affaires, mais comme par hasard, un habit a brûlé encore par hasard c’est ma chemise pour le mariage. Une braise a sauté du fer (eh oui c’est un fer rustique avec des braises à l’intérieur) et a fait un trou sur cette chemise que j’avais achetée au marché quelques jours avant. Alors je vais y aller avec une chemise banale.
Pour se rendre au mariage, on va prendre un taxi. On en trouve un facilement, c’est un VW transporteur comme le mien. On est alors douze dedans, ça va il y a de la place. En chemin on prend d’autres passagers. Au maximum on était dix-neuf, c’est chaud, il y a même des gens dans le coffre et une chèvre. On arrive au mariage avec une heure de retard, heureusement (pour moi) la messe avait déjà commencée ! C’est quand même un peu long avec beaucoup trop d’évocations de Dieu… Ensuite on se dirige vers l’hôtel où a lieu l’apéritif, c’est super beau, au bord de la plage. On boit de la bière bien-sûr et Oportune arrive même à taxer du gâteau et du champagne. Elle est trop forte cette femme là, elle va jusqu’à nous faire inviter tous (douze personnes) pour le repas et même à nous trouver des places dans les voitures pour y aller.
Là-bas, on attend les mariés pendant une heure trente, c’est interminable. Heureusement Mathieu arrive, ça occupe un peu. Le repas est annoncé par le DJ, il y aura dix-sept plats, mais tu parles il y en a eu que trois, le petit farceur ! Après avoir mangé, c’est soucousse et salsa jusqu’au bout de la nuit. et j’ai même le droit à une danse avec la mariée. Mag se fait un ami bourré qui la colle un peu et qui la saoule un peu d’ailleurs. Oportune négocie le retour : on rentre dans la voiture des mariés, avec un chauffeur … On est obligé de réveiller toute la maison de Gaby pour aller se coucher, mais il dit que ça lui fait plaisir. Ce mariage m’a beaucoup plu, notamment dans la conception que les mariés avaient du mariage : ils étaient ensemble de puis vingt-cinq ans, avaient eu quatre enfants et sentaient maintenant le besoin de se marier, comme une nouvelle étape dans leur vie. Comme concept, ça me fait rêver …
Lundi 13 août
Après une courte nuit, on part pour Ganvier. Sur le chemin Oportune achète plein de fruits (goyaves, …) et de la canne à sucre dont je vais un peu me gaver. La visite en pirogue de Ganvier est magnifique, c’est super beau. Oportune n’est pas très à l’aise mais elle surmonte ses peurs (l’eau) et garde quand même son sang froid. On chope un peu des coups de soleil, deux heures sur une pirogue c’est obligé.
On revient pour quatorze heure à la maison ou l’on doit retrouver Mathieu pour nous ramener. Mais il est venu à treize heure et est déjà reparti pour Lomé. On est alors un peu dans la merde pour rentrer (rappel : on a pas de visa) et sans Mathieu, on pourra pas passer comme à l’aller. Mais bon pas de stresse Oportune nous propose de revenir mardi.
L’après-midi on comate un peu, on se fait un peu chier mais pas trop quand même. Finalement on part pour une fête populaire où « les esprits dansent ». Sur place, on est les seuls Yovo (blancs) et on se fait tout de suite repérer et taxer. La fête est intéressantes, toute la population, grands et petits, sont pris dans l’action. Les esprits (personnes déguisées) dansent et la foule ne doit pas être touchée sous peine de malheur. C’est alors de vrais marrées humaines quand les esprits se rapprochent un peu trop près des spectateurs, On voit même trembler violemment les poteaux électriques sous la force de ce flot humain hystérique. Mais bon des esprits qui dansent et réclament de l’argent aux Yovo pendant une heure et demie, ça commence un peu à me gonfler.
Au moment de rentrer, c’est un peu la panique car tout le monde part en même temps. Mais heureusement Mada prend les choses en main (au sens propre), elle me tient par le bras jusqu’à la maison et me serre tellement fort que ça me fait mal pendant trente minutes au moins après qu’elle m’ait lâché. Là elle m’a carrément énervé, comme si j’étais pas capable de me débrouiller tout seul. Ce comportement est tout à fait à l’image de notre « encadrement » en Afrique, les familles qui nous reçoivent se sentent obligées de nous couver, on est très rarement seul. Mais peut-être est-ce justifié ? Ensuite on revient manger chez Gaby et on se couche pas trop tard.
Mardi 14 août
Petit déjeuner copieux avant de partir pour Wida avec Ignas et Gladis. Le voyage en taxi est assez rapide avant d’arriver à l’ancien fort portugais qui est maintenant le musée de l’esclavage. On apprend beaucoup de choses pendant la visite sur la culture Béninoise.
Ensuite on part en zémigian (taxi moto)jusqu’à la plage sur la route des esclaves où l’on voit tout le long plusieurs monuments et arbres sacrés. Au retour on s’arrête dans la maison des pythons. Je paye pour entrer et voir ces animaux. Le guide en prend un et me le met autour du cou. c’est bizarre les serpents, c’est à la fois rigide à l’intérieur et mou à l’extérieur. Magalie reste dehors à cause de sa peur inexplicable …
Gladis nous fait un caprice d’adolescente de la banlieue parisienne et veut rentrer à la maison, une fois parcequ’elle a mal aux pieds, une fois parcequ’elle a froid, … Mais on arrive quand même à lui forcer la main et on part alors pour le CPA (centre promotionnel pour les artisans) à Cotonou. C’est un peu un nid à touristes mais on voit de très belles choses. Je craque pour un masque que j’ai repéré je ne sais par quel hasard rangé sous un tas d’autres choses, plein de poussière. Mais c’est lui qui me plaît, comme s’il m’avait appelé.
Ensuite on va directement chez tonton Jean-Paul (le marié) où on est invités à manger. On attends là au moins deux heures que les autres arrivent. Le premier plat est bon, mais le deuxième … C’est la première fois que je n’arrive pas à manger quelque chose. La sauce gombo béninoise c’est vraiment pas pour moi. Pendant le repas Jean-Paul nous raconte ses exploits et ceux de la famille Soglo et nous expose ses idées sur la religion et l’amour : point de vue très intéressant. Retour en taxi, et on réveille encore une fois Gaby et Oportune à deux heures du matin pour aller se coucher.
Mercredi 15 août
Journée morte, on fait vraiment rien. On devait partir pour Lomé le matin après le petit déjeuner mais en fait on partira à quinze heure. Alors pendant ce temps on glande, Magalie est sur les nerfs et moi je commence aussi a en avoir un peu marre d’attendre. Heureusement, on fait la connaissance du « mec » à Oportune (Nestor) et je discute avec Gaby sur l’art, la vie et plein d’autres choses. Le taxi qui viendra nous chercher est un ami à Gaby, en plus il connaît bien la frontière et pourra nous faire passer sans problèmes. On verra bien, pourvu qu’on ai pas à passer par la lagune, en pirogue, comme avait prévu Oportune pour éviter les contrôles.
Enfin le taxi arrive et c’est le départ. On est deux sur le siège passager avant, Ignas et moi. Arrivés à la frontière, Ignas, Jennyfer et Oportune descendent pour passer à pieds par la douane car elles ont leur visa. Magalie et moi montons à l’arrière de la voiture. Le chauffeur nous dit de rester tranquille et de ne pas répondre si on nous pose des questions. Il dit qu’il faut passer vite pour ne pas avoir de problèmes, alors c’est ce qu’il fait. Ouf … on est passé, c’est gagné.
Arrivés chez Bernard, on range nos affaires et on part avec Joachim pour s’acheter des gâteaux et des beignets de banane, trop bons ! Après quoi on se couche vite parcequ’on est fatigué de ce merveilleux voyage au Bénin.
Jeudi 16 août
Une bonne nuit au calme ça fait du bien !!! Après le levé on traîne un peu. Magalie rencontre Mathieu qui propose de nous emmener au marché vaudou (marché fétiche). Là-bas c’est vraiment extraordinaire et intéressant. On voit plein de choses bizarres : des animaux séchés (chauves souris, porcs-épics, têtes de chiens, oiseaux, serpents, …), des peaux de biches, des peaux de léopards. On est invité à entrer chez un sorcier pour une petite cérémonie d’initiation au vaudou. Après ses rites, il nous exposes sept fétiches possédant chacun un sens positif. Mais j’en achète que deux (bonheur personnel et bonheur des proches) car c’est un peu cher. Mathieu ,lui, garde celui que l’on prend dans un petit verre pour passer une bonne nuit avec une femme et qui éveille les sens, le petit coquin.
Sur la route du retour on s’arrête voire une de ses amies qui travaille chez Togo Télécom et ensuite dans deux buvettes où on boit deux grandes (65 cl) bières et on rentre un peu fatigué chez Bernard. Après un cour répits, on repart manger chez Oportune pour ensuite revenir chez Bernard. On traîne un peu et on se met en route pour le marché avec Boris. Là, on fait des affaires car c’est la fin, tous les marchands remballent et veulent absolument vendre un dernier objet même à bas prix. Après avoir posé nos affaires on va manger une bonne salade chez Oportune et on revient juste après Chez Bernard parce-que Magalie tombe de sommeil.
Vendredi 17 août
Jeanette viens à neuf heure mais nous ne sommes pas prêts. Avant de partir, Gaston viens me serrer la main et me dit en me regardant avec un air attendrissant que je suis son ami pour la vie. Là ça me fait vraiment plaisir, je sens mon coeur se serrer, et une petite larme pointe son nez au coin de mon oeil. On part vers dix heure pour le marché où l’on fait quelques affaires dont des arachides recouvertes de caramel, un vrai délice. Mag achète son tabouret et c’est moi qui le porte pour le retour, je salis bien mon short avec.
On va manger chez les Soglo mais ils sont partis pour le village natal de la grand-mère. Alors on mange seuls avec Jeanette. En suite on revient chez Bernard où l’on discute avec les enfants et on se repose un peu. Après on part téléphoner : Magalie appelle ses parents et moi j’appelle Véro mais c’est son répondeur, alors pour la première fois de ma vie je laisse un message. C’est vraiment trop dur de parler à personne !!! Après ça on part au petit marché à la recherche de fruits et on achète un pain sucré, un ananas, une papaye et des oranges.
Le repas du soir a lieu encore une fois chez Oportune après avoir bu une bière au maquis familial avec Bernard et Mathieu. On fait un repas simple mais exotique que j’ai suggéré à Jeannette : du riz avec de l’ananas et de la papaye chauds. c’est très bon et on fini avec les oranges. Jeanette a halluciné à l’idée de mélanger du riz et des fruits, mais elle a trouvé ça bon et a dit qu’elle en referait sûrement. C’est pas dans les habitudes africaines de mélanger ces aliments, il faut vraiment être yovo pour avoir une idée pareille. De retour chez Bernard on discute encore avec les enfants devant une bière de la France et des différences entre nos deux systèmes avant de se coucher.
Samedi 18 août
Un ami à Boris vient nous montrer des batiques mais domage, elles ne nous plaisent pas (pour ma part j’ai pas du tout accroché à son style). On attend Jeannette qui arrive avec une heure de retard pour aller au marché. Cette fois je me lâche sur des tissus, sur une chemise pour mon père et pour un habit traditionnel. On mange chez Soglo un super plat : pinou (pâte à base de gari et de sauce tomate).
Je rentre seul chez Bernard pendant que Mag se fait examiner la blessure qu’elle a a la patte. Elle rentre très énervée car tout le monde a comploté en mina (le dialecte de la région) et à la dernière minute le médecin lui a dit qu’il allait lui faire le vaccin anti-tétanos. Elle l’avait déjà fait en France mais vu qu’ils parlaient tous en mina elle n’avais pas pu comprendre. Du coup ils ont tous remués ciel et terre pour trouver un vaccin dans Lomé pour rien. S’ils avaient dit tout de suite ce qu’ils cherchaient ça aurait évité ça.
Plus tard Jojo nous emmène faire un tour chez plusieurs artisans (ses amis) : sculpteur, peintre sur tissu, tailleur de djembé. C’était vraiment très intéressant de voire leur savoir faire. De plus, j’ai pu acheter quatre peaux de chèvres pour mon activité personnelle de « rempeautage » de djembé. On finit ensuite la journée dans une buvette au bord de la lagune jusqu’au coucher du soleil. Après le repas chez Oportune, on rentre tôt car on tombe de fatigue.
Dimanche 19 août
Réveillé trop tôt par les connards de l' »église » d’en face qui mettent la musique à donf à partie de six heure (Avé Maria, Bob Marley; sacré fossé quand même entre les deux) je me lève du mauvais pied, je suis trop véner. Après le petit déjeuner, Jeanette arrive et Bernard nous emmène chez la secrétaire yovo de sa société pour établir notre programme de voyage dans la montagne pour lundi et mardi. Nous faisons aussi la connaissance de de son mari et nous discutons un peu de l’éducation des enfants et des effets de la mixité culturelle. Ici la tendance n’est pas d’interdire aux petits de jouer avec le feu, mais de les laisser se brûler pour qu’ils comprennent par eux-même le danger. Sacré bon concept, j’en tiendrais compte pour l’éducation de mes enfants …
Ensuite on rentre manger chez Oportune en s’arrêtant, bien-sur, en chemin dans plusieurs maisons pour dire bonjour. On se fait encore une fois péter le bide tellement c’est bon. Bernard nous emmène voir Georgette dont la fille a aujourd’hui un an. Et là on nous offre encore à manger du foufou. C’est trop bon et on se fait repéter le bide deux heures après le repas de midi. On a donc mangé deux fois pour midi !!! Pour en rajouter une couche, de retour chez Bernard on se gave de canne à sucre et d’arachides enrobées de caramel à tel point que je m’endors pendant trente minutes après. On a vraiment fait un après-midi bouffe, nous qui pensions ne rien manger et revenir tout maigre après notre voyage…
Bernard nous apporte la balance, j’ai déjà acheté douze kilos d’affaires africaines. Après avoir regardé un DVD de Koffi Olomidé chez Mathieu on va manger chez Oportune et on se gave encore : banane plantain et manioc frits puis bouillie de tapioca. On rentre se coucher tôt le ventre bien plein, je vais exploser !!!
Lundi 20 août
Après une nuit lourde et trop courte (levé à sept heure), On se met en route pour Paliné. Arrivés Là-bas on visite un centre artisanal, mais les artisans sont en vacance donc on ne voit que les boutiques fermées. Ensuite on se dirige vers Atakpamé. Enfin on voit un peu des montagnes, même si elles sont dans la brume car il ne fait pas très beau. On s’arrête dans une « Kafète » pour manger un demi poulet (chacun) avec de la semoule. Après le repas on se dirige vers l’hôtel Rock où on va passer la nuit. Il est perché sur la colline et de là on surplombe tout le village.
Après un petit temps calme on part avec Rose Marie pour visiter sa bibliothèque et pendant qu’elle fait son inventaire on s’évade pour une petite visite d’Atakpamé. C’est très beau et vraiment différent de Lomé. Le fait de voire des montagnes, même si elles sont petites, ça me fait du bien !!! Après avoir retrouvé Bernard on va visiter l’évêché et voir des soeurs (très ouvertes, ça fait plaisir) et on rentre pour s’apprêter pour la soirée.
On mange du véritable foufou de brousse chez la grande tante de Théo et on part pour le bar « le Sahélien » ou l’ambiance est bonne et où on boit pas mal de pils. Le retour à l’hôtel est rapide mais dans la montée, Rose Marie fait chauffer l’embrayage et ça pue carrément le cramé (les femmes au volant …).
Mardi 21 août
Très bonne nuit longue et fraîche dans la montagne. On se fait un petit déjeuner à l’européenne, le seul du voyage. On prépare nos affaires, on salut les gens et on part à la recherche de fruits mais dommage il n’y en a aucun, c’est pas la saison. Vers onze heure on retourne chez la grande tante de Théo et on nous sert de la pâte avec du capitaine. C’est un peu dure de si bonne heure …
Après ce bon repas on se met en route pour Lomé. On s’arrête en route dans un hôtel juste pour que madame Rose Marie puisse pisser de façon convenable en faisant semblant de demander des renseignements. C’est fou ça, comme si elle pouvait pas pisser comme tout le monde au milieu de la brousse. En plus ici les gens s’en foutent, y en a même qui pissent en pleine rue, l’air de rien et personne n’est choqué. Arrivés à Lomé on boit un coup chez Rose Marie et on rentre chez Bernard. Sur le chemin il nous achète de la patate douce frite et des beignets et comme par habitude, on se gave encore une fois …
FIN
Trop triste de revenir dans ce monde si différent sur le vieux continent et de quitter cette atmosphère africaine chaleureuse que j’ai réellement adoré, je n’ai rien écrit sur le retour à la réalité de tous les jours …